Il aurait pu profiter de l’occasion pour tirer le bilan. Mais le CEP a privilégié l’audace pour fêter ses 30 ans le 27 septembre dernier à Bussigny. En guise de cadeau : un forum dédié à l’imagination ! Plus de 160 participant.es ont répondu à l’invitation.

Aller sur la Lune ? Une pandémie mondiale et le retour de la guerre en Europe ? Autant d’événements qui, de prime abord, ont paru impossibles. « Alors, développer une nouvelle culture au sein de l’administration publique, en repenser l’organisation ou y intégrer de nouvelles pratiques, est-ce vraiment hors de notre portée ? » Pour Patrick Favre, directeur du Centre d’éducation permanente – le CEP – la proposition pour fêter dignement ce trentième anniversaire était celle du pas de côté : « Et si l’imagination était une clé pour la fonction publique de demain ? » Car selon lui, l’imagination ne devrait pas être réduite à une faculté passive de rêver mais relever d’une compétence managériale à prévoir le futur, à élaborer des scénarii possibles et impossibles, à s’affranchir de l’existant afin de penser de potentielles crises.

Pour tenter de répondre à cette question, le CEP a organisé le forum « Trans’formons » le 27 septembre dernier à l’Hôtel de Ville de Bussigny. Au programme : une conférence, 10 ateliers, un forum ouvert et plus de 160 participant-es.

Avec des « et si »

L’imagination est le sujet de recherche favori de Rob Hopkins, l’initiateur du mouvement des villes en Transition. Invité par le CEP à ouvrir cette journée de jubilé, le conférencier anglo-saxon a raconté les exemples glanés dans le monde entier, les projets qui fonctionnent et qui changent la donne à l’échelle locale : une ceinture alimentaire à Liège, un ministère du bonheur à Bologne, des rues désasphaltées à Lausanne ! « Ce que nous permet l’imagination, c’est de nous reconnecter avec nos émotions, nos rêves, nos désirs et l’avenir dont nous avons besoin. C’est sans doute l’outil de changement le plus puissant que nous ayons à notre disposition. » Son conseil ? Se donner les moyens et des méthodes pour (re) muscler cette faculté.

Découvrez ou revoyez ici la conférence de M. Rob Hopkins, précédée de l’introduction de M. Patrick Favre

Jouer, sentir, se projeter

Le CEP en avait justement dix à proposer : Lego, speedboat, improvisation, voyage dans le futur, dessin, perspectives, Liberating Structures, écriture spontanée, etc. Les formatrices et formateurs ont emmené les participant.es aux confins de l’imagination, où chacun.e a pu s’autoriser à être farfelu.e, à sortir de la réalité et de ses contraintes pour laisser les idées créatrices émerger. « Ces processus sont très stimulants ! » « On parle souvent de l’imagination, mais je ne savais quelle structure mettre en place pour l’expérimenter avec mes collègues. » « J’ai aimé mettre l’accent sur ce qui est positif. » « Pour moi c’est un véritable changement de culture ! » Ce sont des personnes joyeuses et enthousiastes qui se sont retrouvées en plénière, interrompues dans leur impatience de prolonger le dialogue par une invitation à mettre encore un dernier outil en œuvre, celui du forum ouvert.

L’imagination : un outil managérial ?

« Nous vous proposons un travail intense de transversalité qui vous permettra de tester vos envies de changements dans votre activité professionnelle, de vous frotter aux avis de personnes qui partagent vos questionnements ou sont curieux de nouvelles pistes à explorer », s’est réjouie Annick Wagner, directrice adjointe du CEP. Une trentaine de thèmes ont rapidement été affichés sur le mur du marché aux idées : « Et si les apprentissages avaient lieu hors des murs scolaires, tout au long de la vie ? », « Et si nous créions des espaces sans hiérarchie ? « Et si l’imagination devenait une compétence managériale ? » Les groupes se sont constitués au gré des intérêts, permettant des échanges nourris et approfondis.

L’imagination est devenue possible grâce à des outils solides et la dynamique enclenchée lors de cette journée d’anniversaire a manifestement répondu à un besoin de débattre, de rêver et d’imaginer ensemble des futurs souhaitables. Certains participant.es ont exprimé le besoin de tels espaces de rencontre, tandis que d’autres soulignaient la pertinence de ces ateliers permettent la mise en application et la reproductibilité immédiate de ces outils de facilitation : une enseignante dans un établissement du Nord vaudois veut proposer un forum ouvert à ses collègues à la place du questionnaire usuel de fin d’année. Un représentant du service de l’environnement voit quant à lui le potentiel d’un tel format pour ouvrir un dialogue avec toutes les parties prenantes à propos des incertitudes liées à l’approvisionnement énergétique. Pour Rob Hopkins, « Et si… ? » se décline à l’infini. Il faut s’entraîner, jouer et surtout oser ! « Power to the imagination ! »


L’équipe du CEP
Crédit : texte de Madame Muriel Raemy